Mercredi 20

Michèle RIOT-SARCEY

Mercredi 20/09/2023

Professeure émérite d’histoire contemporaine et d’histoire du genre à l’université Paris-VIII-Saint-Denis, est historienne du politique et du féminisme.

L’émancipation entravée

« Partout dans le monde, l’espoir d’une émancipation enfouie sous les discours idéologiques se réveille aujourd’hui. Comment interpréter ce paradoxe ? De quels possibles cet espoir est-il porteur ? Répondre à ces questions implique de revenir sur l’histoire longue afin de comprendre comment le sens actif du mot « liberté » s’est trouvé effacé par les idéologues.  Michèle Riot Sarcey […] démonte l’ensemble des dispositifs d’entrave au pouvoir d’agir des individus au XXe siècle. […] l’historienne analyse les processus par lesquels le sujet libre, à chaque moment décisif, s’est trouvé effacé au profit de visions totalisantes.  Mais l’idée authentique régulièrement se ranime et fait retour dans les lieux les plus inattendus.  En analysant le fonctionnement d’une élaboration théorique figée, ce livre donnera des arguments aux lecteurs décidés à faire usage d’une liberté critique menacée. Il contribuera ainsi à rendre le réel de l’utopie plus vivant que jamais. » Ed. La Découverte.

 

Références bibliographiques :

Michèle Riot-Sarcey vient de publier : l’émancipation entravée, l’idéal au risque des idéologies du XXe siècle

La Démocratie à l’épreuve des femmes. Trois figures critiques du pouvoir, 1830-1848 (Désirée Véret, Jeanne Deroin, Eugénie Ni-boyet) (Albin Michel, 1994),

Le Réel de l’utopie (Albin Michel, 1998) et à La Découverte,

Histoire du féminisme (La Découverte, 2002, 2015),

1848, la révolution oubliée (avec Maurizio Gribaudi, La Découverte, 2008, 2009), Le Procès de la liberté. Une histoire souterraine du XIXe siècle en France (2016).

Michel LUGNIER

Mercredi 20/09/2023

Économiste de formation, Michel Lugnier est inspecteur général de l’éducation nationale au groupe économie-gestion. Titulaire d’un doctorat en sciences de l’éducation sur l’économie de l’éducation (IREDU-Université de Bourgogne), Michel Lugnier a occupé diverses fonctions en lien direct avec l’orientation, en services déconcentrés, en tant qu’IEN-IO et CSAIO-DR, ainsi qu’en cabinets ministériels. Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs rapports consacrés à l’orientation et à l’enseignement professionnel.

Au cours des deux dernières décennies, la notion de parcours s’est imposée comme une évidence dans le cadre de l’orientation et de la formation. Attestant d’une évolution significative des politiques publiques en la matière, cette notion s’accompagne de profonds changements quant à l’organisation et au fonctionnement des structures existantes (établissements) lesquels affectent, à leur tour, l’activité et le positionnement de chacun des acteurs.

Le développement d’une approche renouvelée de l’orientation et l’avènement de la notion de compétences remettent aujourd’hui en cause l’approche historique de la formation pour laquelle le diplôme garanti par la puissance publique, en tant qu’il est la propriété – au double sens de possession et de caractéristique – de celui qui le détient, constituait un élément constitutif de son autonomie et de son émancipation permettant alors son insertion. En transférant sur les élèves et les étudiants la responsabilité de nombreux choix en matière d’orientation et de formation, les évolutions actuelles signent un changement de paradigme dans lequel leur capacité à pouvoir gérer les transitions qui s’imposent à eux devient première.

La pratique de l’accompagnement personnalisé associée à ce changement de paradigme a gagné aujourd’hui – à tout le moins dans le discours- tous les niveaux de régulation du système éducatif. À travers les mesures qu’elles contiennent, les réformes actuelles entendent offrir à l’ensemble des acteurs du continuum Bac-3, Bac+3 un cadre d’action cohérent, à la fois politique, juridique et opérationnel, porteur d’une évolution des pratiques fondée sur le positionnement des élèves et des étudiants comme acteurs de leur parcours. Or, notre système éducatif a été pensé « dans la perspective que l’expansion humaine et l’expansion économique soient mises en correspondance, sans que pourtant se trouvent le moins du monde menacés l’héritage de savoir désintéressé et la tradition humaniste qui constituent l’essence du génie français et fondent son originalité 1 ». Il en résulte, dès lors, un décalage patent entre le discours volontariste autour d’une transition sécurisée inhérente au « bac-3/ bac+3 » et la réalité de sa mise en œuvre. D’un côté, un « parcours Avenir » censé recueillir et favoriser « l’expérience des élèves » qui peine à s’inscrire dans l’action pédagogique menée auprès des lycéens au moment même où les parcours au lycée se diversifient et se complexifient. De l’autre, une centration autour de la procédure Parcoursup qui pourrait faire oublier la nécessité d’accompagner le lycéen bien au-delà de l’année de terminale.

Dans ce contexte, un certain nombre de conditions doivent être réunies afin que ce changement de modèle soit placé au service de l’émancipation de tous les jeunes et ne se fasse pas au détriment des plus fragiles. La première tient à la lisibilité des parcours de formation qui s’offrent aux jeunes pour peu que le discours de valorisation tenu à leur endroit se vérifie dans les faits. La deuxième renvoie à la sécurisation des parcours et au degré inégal de porosité entre les divers dispositifs de formation qui interdit pour l’heure une réversibilité effective des choix en matière d’orientation et de formation. Enfin, la troisième a trait à l’incomplétude de l’offre de formation et à son inégale répartition sur les territoires qui doivent conduire à promouvoir une approche réticulaire pour peu que la coordination des acteurs s’inscrive dans le respect de leurs prérogatives respectives placées au service avant tout d’un bien commun qui nous dépasse : la formation de la jeunesse en vue de préserver l’humanité !

Emmanuelle VIGNOLI

Emmanuelle VIGNOLI

Emmanuelle Vignoli est professeur des universités au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) et membre de l’Institut National d’Etude du Travail et d’Orientation Professionnelle (INETOP). Elle effectue ses recherches au sein du Centre de Recherche sur le Travail et le Développement (CRTD). Depuis 2021, directrice de l’Equipe Pédagogique National 13 – Travail Orientation Formation Social du Cnam et co-responsable de l’Equipe de recherche de Inetop-psychologie d’orientation du CRTD, elle a par ailleurs été rédactrice en Cheffe de la revue scientifique L’Orientation scolaire et Professionnelle de 2007 et 2015. Ses activités de recherche s’inscrivent dans le cadre général du rôle des relations interpersonnelles et des émotions dans les conduites d’orientation scolaire et professionnelle et l’ajustement aux transitions scolaires et professionnelles.

Dans un monde empreint d’un avenir profondément incertain face à l’anticipation de bouleversements majeurs, en quoi les émotions participent-elles à l’émancipation des élèves dans la construction de leur parcours scolaire et professionnel ?

Les évènements qui jalonnent les trajectoires et transitions de vie induisent une multitude d’émotions, tant désagréables qu’agréables. Ces émotions constituent un moyen d’ajustement des individus à leur environnement en fonction de leurs besoins et aspirations. Dans un monde où l’avenir est perçu comme de plus en plus incertain pour ce qui est des trajectoires professionnelles compte tenu des bouleversements anticipés et associés aux transitions futures (écologique, numérique, énergétique…), les émotions sont susceptibles de jouer un rôle croissant dans la capacité des individus à faire face aux aléas et à anticiper et préparer l’avenir. Leur régulation est en outre étroitement associée aux relations tissées avec les personnes de l’entourage proche. Mais quelle est plus précisément la fonction des émotions ? Les questions relatives à l’avenir scolaire et professionnel suscite-t-elles des émotions chez les élèves, si oui de quel type, et comment ces dernières agissent-elles sur les choix d’orientation et l’ajustement aux transitions ? Les élèves disposent-ils tous des mêmes ressources émotionnelles pour préparer leur avenir ? En quoi les émotions peuvent- elles constituer un atout ou au contraire une résistance à leur émancipation dans la construction de leur parcours scolaire et professionnel ? Telles sont les questions auxquelles tentera de répondre l’intervention tout en proposant quelques pistes de réflexion pour ce qui est des pratiques professionnelles en orientation.

Références bibliographiques :

– Vignoli, E. (2022). Sur Parcoursup, les émotions des lycéens influencent leurs choix. The Conversation. France.

– Terriot, K., & Vignoli, E. (2021). Quel rôle de l’orientation scolaire et professionnelle dans l’accompagnement des jeunes en situation de décrochage ? Sous la direction de V. Cohen-Scali (Ed.). L’orientation tout au long de la vie. Théories, Pratiques et Enjeux. Paris : Albin Michel.

– Terriot, K. & Vignoli, E. (2020). Psychosocial skills and holistic education in the French educational context. In C. Cefay, D. Register, & L.A. Dirani (Eds.). Social and emotional learning in Mediterranean: Cross Cultural Perspectives and Approaches. Leiden; Boston: Brill Sense.

– Vignoli, E., Nils, F., Parmentier, M., Mallet, P. & Rimé, B. (2020). The emotions aroused by a vocational transition in adolescents: Why, when and how are they socially shared with significant others? International Journal of Educational and Vocational Guidance, 20, 567-589. https://doi.org/10.1007/s10775-019-09417-z

– Mallet, P., Vignoli, E., & Lallemand, N. (2018). Comment les adolescent.e.s perçoivent-ils/elles la relation avec leur camarade préféré.e ? Mallet, P., Vignoli, E., & Lallemand, N. (2018). Comment les adolescent.e.s perçoivent-ils/elles la relation avec leur camarade préféré.e ? Enfance, 2, 323-342

– Terriot, K., Vignoli, E. & Bourcier, B & Lallemand, N. (2017). Validation française d’un questionnaire d’évaluation de l’estime de soi : le Self-Perception Profile for adolescents. Terriot, K., Vignoli, E. & Bourcier, B & Lallemand, N. (2017). Validation française d’un questionnaire d’évaluation de l’estime de soi : le Self-Perception Profile for adolescents. Pratiques Psychologiques, 23, 359-376.

– Vignoli, E. (2015). Career indecision and career exploration among older French adolescents: the specific role of general trait anxiety and future school and career anxiety. Journal of Vocational Behavior, 89, 182-191. https://doi.org/10.1016/j.jvb.2015.06.005

– Vignoli, E. Mallet, P. (2012). Les peurs des adolescents concernant leur avenir scolaire et professionnel : structure et variations selon le niveau scolaire, le sexe et la classe sociale. Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 94, 249-283.

Georges SOLAUX

Professeur émérite en sciences de l’éducation.

Iredu – Université de Bourgogne.

Mercredi 20/09/2023

Georges Solaux fut successivement instituteur, conseiller d’orientation, Iio, Csaio et professeur des universités. Puis expert de l’éducation auprès d’organisations internationales.

Pour une analyse politique de l’orientation scolaire et professionnelle.

L’analyse critique proposée est à la fois historique, sociologique et politique dans le sens développé par Antoine Prost : une histoire du temps présent. Elle sera centrée sur :

  • La structuration institutionnelle des actions d’orientation scolaire et Professionnelle.
  • Les conséquences qui en découlent pour la fonction de Psychologue de L’Éducation nationale.
  • Les conditions de la contribution des Psychologues de l’Éducation nationale à la promotion d’une société plus juste.

Références bibliographiques:

Georges Solaux. Lamamra, N., Kuehni, M., & Rey, S. – Finalités et usages de la formation professionnelle. L’Orientation scolaire et professionnelle, 2022. ⟨hal-03608939⟩

Georges Solaux. Pasquali, P. – Héritocratie. Les élites, les grandes écoles et les mésaventures du mérite. L’Orientation scolaire et professionnelle, 2021, pp.653-657. ⟨hal-03601150⟩

Georges Solaux. Un siècle de priorités contradictoires pour les services d’orientation. L’Orientation scolaire et professionnelle, 2019, 48 (2), pp.189-210. ⟨10.4000/osp.10716⟩⟨halshs-02451491⟩

Catherine Béduwé, Julien Berthaud, Jean-François Giret, Georges Solaux. Les relations entre l’emploi salarié et les interruptions d’études à l’université. Education et Sociétés : Revue internationale de sociologie de l’éducation, 2018, Vingt ans après : la sociologie de l’éducation et de la formation francophone dans un univers globalisé (2nde partie), 41, pp.9-25. ⟨10.3917/es.041.0007⟩⟨halshs-01882654⟩

Georges Solaux. Giret, J.-F., Van de Velde, C., & E., Verley. Les vies étudiantes. Tendances et inégalités.. L’Orientation scolaire et professionnelle, 2016, ⟨10.4000/osp.5244⟩⟨hal-03697324⟩

Georges Solaux. De l’interventionnisme d’État à la libéralisation de l’école. Éducateur, 2008, Numéro spécial 2008 : mai 68, pp.14. ⟨halshs-00651377⟩

Didaravong Somkhanh, Siripaphanh Chandeng, Phimmahasay Keomanivanh, Sisouva Vimol, Georges Solaux. La gestion de l’orientation scolaire au Laos. Revue Internationale d’Education de Sèvres, 2005, 38, pp.87-94. ⟨halshs-00006152⟩

Georges Solaux. Introduction au dossier « Les défis de l’orientation dans le monde ». Revue internationale d’éducation de Sèvres, 2005, 38, pp.19–24. ⟨10.4000/ries.1415⟩⟨hal-03213468⟩

Georges Solaux. Le référentiel des décisions politiques. Revue Internationale d’Education – Sèvres, 2005, 40, pp.60–62. ⟨10.4000/ries.1271⟩⟨hal-03213470⟩

Georges Solaux. Vingt ans de réformes des systèmes éducatifs dans les pays en développement. Politiques et Management public, 2005, 23 (1), pp.151-158. ⟨halshs-00004944⟩

Georges Solaux. Évaluation, concertation, et processus de décision. Revue Internationale d’Education de Sèvres, 2003, 32. ⟨halshs-00004970⟩

Georges Solaux. L’évaluation externe. Les arbitrages entre efficacité et équité. Les Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale, 2003, 15-16, pp.99-112. ⟨halshs-03273954⟩

Georges Solaux. L’éducation à l’orientation, une politique éducative de pays riche. Orientation scolaire et professionnelle (L’), 2001, 30 (Hors-s’erie), pp.189–205. ⟨hal-03210084⟩

Daniel Bollotte, Georges Solaux. Le BEP et après ?. Cahiers pédagogiques, 2000, 387, pp.38–39. ⟨hal-03209777⟩

Georges Solaux. L’éducation à l’orientation au collège et l’état de la recherche. Orientation scolaire et professionnelle (L’), 1999, 28 (2), pp.299–325. ⟨hal-03209441⟩

Thierry Chevaillier, Georges Solaux. L’évaluation des universités en France. Orientation scolaire et professionnelle (L’), 1999, 28 (4), pp.517–538. ⟨hal-03209414⟩

Georges Solaux. La définition des parcours formels de formation. Administration et Éducation, 1997, 73, pp.75–89. ⟨hal-03207889⟩ Marie Duru-Bellat, Jean-Pierre Jarousse, Georges Solaux. S’orienter et élaborer un projet au sein d’un système hiérarchisé, une injonctoin paradoxale ? L’exemple du choix de la série et de l’enseignement de spécialité en classe terminale. L’Orientation scolaire et professionnelle, 1997, 26 (4), pp.459-482. ⟨hal-03207877⟩